• La Valse

    Au crépuscule, elle était descendue au jardin; allongée dans le transat en bois, elle écoute avec mélancolie le chant du merle.

    Puis les premières chauve-souris sont sorties et dans leur course folle la frôlent presque. Ça l'a fait sourire.

    Au fond du jardin, une ombre furtive... Le chat surveillant les mulots probablement.

    Peu à peu, les voix familières des voisins se sont tues. Ils sont rentrés et bientôt la lumière de leur chambre à coucher s'éteignit. 

    Une langueur coulait en elle comme du plomb.

    Elle ferma les yeux.

    Elle se sentait si seule...

    Au seuil de la cinquantaine, elle se disait que c'était fini ;

    Qu'il n'y aurait jamais à côté d'elle, une épaule où poser sa tête.

    Et là, ce soir, elle aurait voulu disparaitre, se dissoudre dans cette rosée qui commençait à perler sur sa peau...

    Et ne plus sentir la douleur au ventre.

     

    Elle entendit une musique au loin...

    Une valse.

    Elle entrouvre les yeux...

    Elle est assise dans une grande salle...

    Le plafond est très haut, décoré à l'italienne, les murs en lambris sont ornés de fresques splendides, au fond une grande cheminée où veillent deux statues de bronze... Une salle de bal.

     

    Comment est-elle arrivée là ?

    Une ombre s'avance... qui l'invite à danser.

    Elle hésite un instant... Elle ne sait pas valser !

    Mais elle en a envie... Terriblement !

    Elle sent qu'il sait faire...

    Alors elle a confiance.

    Un bras solide l'entoure et la conduit...

    Elle s'abandonne complètement...

    Elle ferme les yeux et peu à peu, elle décolle ;

    son corps souple semble n'avoir plus de limite

    Ses pieds ne touchent plus terre ;

    Et elle tourne, tourne, tourne...

    Elle ne voit pas son visage mais elle sait qu'il la regarde sourire ;

    Et ça lui plait...

    Et elle tourne, légère...

    Et elle sourit...

    Alors, elle pose sa tête sur son épaule...

    Elle n'est plus que

    Musique...

    Mouvement...

    Joie...

    -------------

    Elle aurait voulu ne plus jamais ouvrir les yeux...

    Mais elle a un peu froid maintenant, alors lentement elle remonte chez elle.

    Avant d'éteindre la lumière, elle caresse la douce pelisse du chat couché sur l'oreiller à côté d'elle.


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