• Mon amie la Jonquille

    De bon matin, descendant au jardin l'âme guillerette, j'allais saluer mon amie la jonquille …

    Quelle ne fut pas ma désolation de voir la belle en si triste composition !

    Le beau jupon de lumière qu'elle arborait si fièrement hier, n'était que plus que fripes en lambeaux.

    La belle était toute flétrie, ridée, séchée, vieillie,

    Laissant pendre ses atours lamentablement.

    Un genou à terre, je regardais le spectacle d'un air déconfit.

    - Que me vaut cette triste figure ? me lança-t-elle

    Je n'osais lui avouer l'objet de ma désolation.

    C'était sans compter sur sa perspicacité.

    D'un ton magistral, elle me dit:

    - Change l'angle de ton regard

    Je levai un œil interrogateur.

    - Change l'angle de ton regard

    Devant le ton si péremptoire, j' obtempérais... 

    Un sourire trancha ma triste mine.

    Je n'avais pas vu derrière la jupe flétrie, le beau ventre arrondi.

    Le temps avait fait son œuvre...

    La belle cachait en son sein les centaines de soleils du printemps prochain.

    Le joli corsage n'avait plus d 'utilité ; d'autres fêtes se préparaient...

    Le cœur réjoui, j'ai dansé avec elle la ronde de la Vie...


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